Quelques années après le tour de force de la faculté de droit du Pin, Jean François- Poncet est reparti à la charge aux côtés des élus locaux pour décentraliser à nouveau l’Université de Bordeaux. Fervent promoteur d’une « répartition équilibrée de l’intelligence », le sénateur et président du Conseil Général de l’époque soutenait qu’il ne pouvait y avoir de développement économique sans matière grise. Au programme donc, en cette première moitié des années 90, la naissance de trois IUT, sur un tout nouveau site cette fois. Il s’agissait-là de la première pierre d’un projet ambitieux qui ne verra finalement jamais le jour : la création d’une « université thématique » dédiée à l’aménagement du territoire. Néanmoins, l’élu ne s’était pas complètement trompé en développant les filières supérieures. Les promotions des IUT se sont étoffées, poussant la construction de nouveaux bâtiments. Un département de sciences, la formation des professeurs des écoles et l’Enap complètent aujourd’hui le complexe connu sous le nom de « campus Michel-Serres ».
LE DÉFI DE L'ARCHITECTE
JEAN-PIERRE BRETHES - CABINET TRIANGLE
« Il faut imaginer qu’à l’époque, la zone d’Agen-Sud ne ressemblait pas à ce qu’elle est aujourd’hui. C’était des prairies, des cressonnières. Il n’y avait pas de construction référente. On a donc opté pour une identité architecturale forte, repérable par tout un chacun. La vocation scolaire du projet nous a poussés à choisir des formes volumétriques simples. Les élèves scientifiques (ndlr, le complexe abritait à l’époque un DEUG de sciences) pouvaient y voir un sorte de clin d’oeil à la géométrie. D’un côté, les salles de classe dans un bâtiment très rectiligne scindé en son milieu par un grand hall d’accueil en cheminée, créant ainsi un courant d’air naturel. On retrouve aussi une forme très répandue dans la nature mais peu dans l’architecture : la sphère avec les ateliers et surtout l’amphithéâtre « Géode » qui était un défi technique, le tout renforcé par l’implantation des cyprès sur le parc. Le bardage en panneaux d’aluminium laqué donnait vraiment une dimension contemporaine et je suis heureux de voir qu’il n’a pas bougé avec les années malgré l’absence d’entretien. On tenait tous à offrir un cadre d’études qualitatif à la ville d’Agen, dont les jeunes seraient fiers. Je crois que c’est plutôt réussi. »