HÔTEL DU DÉPARTEMENT

C’est ici, en ces murs, que de grandes décisions ont été prises et de grands chantiers lancés pour développer le territoire. Symbole ultime de la démocratie locale, l’hôtel du Département de Lot-et-Garonne n’a pas toujours eu cette vocation. Construit entre 1686 et 1690 sous l’impulsion du monarque Louis XIV, le bâtiment était au départ un hôpital-manufacture pour loger et proposer du travail aux pauvres et aux mendiants. Il connut par la suite d’autres attributions, notamment pénitentiaires, avant de redevenir en 1819 un établissement de santé. L’hôpital Saint-Jacques, nom qui lui est encore prêté, fut pendant longtemps une référence dans le Sud-Ouest avec des équipements de pointe pour l’époque. Avec le regroupement progressif des unités publiques de santé vers le CH Agen- Nérac, l’activité a définitivement cessé en 1979 laissant donc sa place à l’exercice du pouvoir. L’emblématique président de la collectivité, Jean François-Poncet, voulait un édifice à la hauteur de son ambition pour le Lot-et-Garonne. C’est chose faite.  

LE DÉFI DE L'ARCHITECTE

JEAN FERRANDO

   « Je débutais tout juste ma carrière et j’avais affaire à un maître d’ouvrage d’une certaine envergure puisqu’il était sénateur et ancien ministre, en plus de s’impliquer personnellement avec une vision très précise de ce qu’il voulait et ne voulait pas. Le jeune architecte que j’étais n’avait vraiment pas le droit à l’erreur dans ce dossier, qui s’avérait de surcroît être un défi technique colossal avec près de 15 000 mètres carrés à traiter. Mais c’était un challenge très intéressant à relever et une référence extraordinaire pour la suite. J’ai pris le parti de respecter au mieux la bâtisse en gardant le rythme des façades à l’exception de l’escalier en deux volets, transformé en un grand escalier d’honneur. La partie chapelle était la plus difficile. On a fait des ouvertures en grandes ogives, équilibré tous les demi-niveaux, supprimé les vitraux pour y installer l’hémicycle départemental. Le choix était fort de convertir un lieu cultuel en organe délibérateur, symbole de la démocratie laïque. On a également réalisé l’ensemble des bureaux, y compris ceux du président et de toutes les directions de services. L’une des difficultés était d’intégrer la climatisation partout. Un bâtiment a été rallongé, avec la création d’un espace pour les chauffeurs, une cour privée et tout un aménagement de la cour centrale dans un esprit occitan. »

LE DÉFI DE L'ARCHITECTE

DENIS ET JACQUES POMPEY

« On peut dire qu’il s’agit là d’une pièce d’orfèvrerie. Il faut savoir que la forme concave est terrible au niveau de la réverbération sonore. Dans une pièce qui a pour vocation de susciter du débat, c’est un drôle de paradoxe. Il était donc nécessaire de rendre les parois les plus absorbantes possibles. On a créé toute la galerie externe, complétant la géométrie de la pièce. Avec un habillage général en bois, on a volontairement rompu le côté éternel et plus froid de la pierre. Au niveau du mobilier, rien n’a été laissé au hasard. On a été visiter les installations du Sénat où officiait Jean François-Poncet pour s’inspirer de ce qui se faisait de mieux. On était aux débuts de la vidéo-projection et on n’a pas lésiné sur cette intégration technologique. Quant aux postes de travail des élus, l’ergonomie a été optimisée avec des rangements pour chacun et un éclairage particulièrement soigné. »